THERESE DE LISIEUX, SON HISTOIRE BOURBACHOISE

La statue de Sainte Thérèse qui se dresse sur un rocher derrière les Buissonnets, sur le versant du Rothenbrand, a voyagé depuis les années 1930...

Tout a commencé au Zäckenberg...

Le Zäckenberg est une ancienne ferme, aujourd'hui ruinée et envahie par la végétation, située dans le vallon qui mène de Kirchberg au Lachtelweiher au-dessus du lieu-dit Kohlgrube. Le principal chemin menant au Lachtelweiher et au Lochberg passait précisément devant la ferme.

Dans les années 30, la ferme est transformée en Colonie de Vacances par le Chanoine Muller d'Altkirch et Théo Bachmann (Maire de Saint-Louis de 1971 à 1987)  et y accueilleront l' " Association de l'Ami de l'Enfance, Huningue ". Le terrain est aménagé par des séminaristes et une tente dortoir montée.

Une famille suisse de l'Appenzell, Joseph Parmentier, prit en main l'exploitation de la ferme pour assurer les livraisons de lait au camp.

Se relayant tous les quinze jours une soixantaine de jeunes débarquaient à la gare de Wegscheid pour monter à pied au camp. Un voiturier, Dominique Koenig, avec son attelage de bœufs, avait mission de monter leurs bagages.

Le dimanche, l'office religieux était célébré sur place. Aussi pour garnir cet autel provisoire une statue de la Sainte Vierge * s'avérait indispensable. Déchargé à la gare, bien emballé dans une caisse, ce fut le jeune Joseph Koenig en l'absence de son père malade qui monte ce colis un peu exceptionnel avec le tombereau. Dans la dernière montée, assez raide, avant la ferme, son attelage ne voulant plus avancer, il fait usage de son fouet et évite de justesse de verser la Madone * dans le fossé.

* Les gens de Kirchberg n'allaient jamais à la messe au Zäckenberg et avaient très peu de relation avec la colonie. Aussi, le narrateur de cette aventure avait tout simplement confondue la statue de la Vierge avec celle de " Sainte Thérèse " !

Photo prise au Zäckenberg en 1935 avec la statue de Thérèse.

En 1935, un couple, Rosalie et Joseph Boes, venant de Hégenheim s'installe au Zäckenberg. Joseph citoyen allemand, cuisinier de métier et son épouse Rosalie s'occupent des repas et des ravitaillements. Mais cette même année, le Chanoine Muller achète à Bourbach-le-Haut la ferme du " Buttig" à la veuve Xavier Weber  et à partir de 1936 le Zäckenberg est délaissé au profit de la nouvelle acquisition.

La ferme Buttig est rebaptisée " La Maison de Repos du Rossberg ".

 La statue de Sainte Thérèse à la Maison de Repos du Rossberg...

 Lors du déménagement, outre le mobilier et autres ustensiles, le chanoine Muller n'oublie pas le plus précieux: la statue de Sainte Thérèse !

La statue de Thérèse devant l'entrée de la Maison de Repos du Rossberg en 1936 (sous la porte Joseph et Rosalie Boes).

Dès 1936, des travaux sont entrepris pour restaurer la bâtisse et une chapelle est installée à l'intérieur où Thérèse trouve sa place.

"En 1939",  d'après les écrits de Soeur Marie-Philibertine.

" Le sort de la maison changea, pendant l'hiver 1939/1940 la maison de repos " La Boutique" fut occupée d'abord par des troupes françaises, puis de violents tirs s'engagèrent à l'orée du bois, les troupes françaises se retirèrent, non sans laisser quelques morts. Les allemands alors s'y installèrent, la pillèrent, passèrent dans les forêts tables et lits, sommiers et matelas.

Mais, la chapelle (qui était installée à l'intérieur du bâtiment) disparut. Sainte Thérèse de Lisieux, à laquelle la maison était dédiée fut expulsée des lieux. De braves villageois de Bourbach-le-Haut sont allés par une belle nuit étoilée, la sceller sur une roche avoisinante d'où elle continue à protéger la maison ".

 La statue de Sainte Thérèse, après la Maison de Repos du Rossberg, sur son piton rocheux...

 L'histoire telle que la raconte Sœur Philibertine est belle, mais... 

... sur cette photo prise en juin 1942, la malheureuse et pourtant bienheureuse Thérèse est couchée dans les mauvaises herbes qui ont envahi le bâtiment depuis le début de la guerre.

 A partir de ce moment là c'est une société de Huningen Sankt Ludwig (Huningue-Saint Louis), la D.B.U. Deutsche Benzin Uhrenfabrik qui sera propriétaire des lieux (connu sous le nom de Boutique). Sous la responsabilité de Georges Gissy(futur maire de Saint-Louis) et responsable au sein du service du personnel des questions sociales, que tour à tour, toutes les fins de semaine un autre service pourra passer un moment de détente en cet endroit.

Et c'est à partir de 1942 que la décision d'implanter Thérèse sur son rocher est prise. Et c'est également avec un voiturier de Bourbach-le-Haut, Bruno Schuffenecker, lui aussi avec un attelage de boeufs, que Thérèse est amenée au-dessus du rocher. Il ne restait plus qu'à la glisser le long de la forte pente et la sceller sur le roc où...

... depuis 70 ans maintenant, Thérèse veille sur les Buissonnets et le vallon du Bourbach !

Le chanoine Muller est mort pendant les hostilités de 1939 à 1945, la maison échoie à son frère Pierre Muller, industriel à Reiningue. Ce dernier en fait don à l' Ecole Jeanne d'Arc de Mulhouse et la colonie de vacances prend le nom de " Buissonnets " (Nom de la maison d'enfance de Thérèse à Lisieux).

Ainsi exposée aux intempéries, la statue de Thérèse nécessite une bonne restauration. Cette tâche est entreprise en juin 2012 par une analyse de la statue et le constat des travaux de restauration: décapage, ponçage, reconstitution des parties manquantes (main droite, manche, croix...) et peinture.

Dès l'origine de sa mise en place la statue était dèjà abîmée, les différentes couches de peinture sur ces endroits l'attestent. Les dernières teintes étant celles des carmélites: voile noir, aube brune...

Se pose alors la question de la nouvelle teinte ? Ne parlons pas de miracle, mais il y a quelquefois des coïncidences qui y ressemblent !  Au mois de juillet (voir message sur ce blog du 23 juillet 2012: A la recherche du Zäckenberg et du Rossberg) les trois filles de Rosalie et Joseph Boes, cité plus haut, m'ont offert les photos avec la statue au Zäckenberg et à la Maison du Rossberg. Plus récemment la photo de juin 1942 m'a été remise par Robert Gissy, fils de Georges Gissy.

Le choix de la teinte est facile à faire, la statue était toujours blanche, Thérèse sera blanche !

Elle prêtera sa main pour le modèle.

Après un premier décapage.

Le chantier, il ne faut surtout rien oublier !

Rebouchage avant ponçage.

La photo de Thérèse est toujours présente.

Reconstitution de la manche avant la main.

Première couche de peinture.

Première finition.

 

Et le 16 octobre 2012, Thérèse retrouve sa blancheur originelle mais également une touche de couleur.

Après exactement 20 montées et 46 heures de présence agréable sur place , se termine la rénovation de Thérèse qu'en son temps j'avais promis au Carmel de Lisieux.

Mes remerciements vont à:

Pierre Ackermann de Kirchberg, Robert Gissy de Saint-Louis et surtout Marie-Rose Boes de Dielheim (Allemagne) pour les photos et l'histoire.

Brice Zaeh de la société Isorev de Burnhaupt-le-Bas pour les conseils et du matériel et Dominique du Carmel de Lisieux qui m'a dit " Ce que vous ferez sera sûrement bien; Que Thérèse guide votre choix, car elle est la première intéressée !"