LA ROUTE JOFFRE A BOURBACH-LE-HAUT
Le 25 mai 1915, le gouverneur de Belfort écrit dans le Journal des Marches et Opérations de la Place de Belfort:
" Du général de Maud'huy, commandant la VIIe Armée. L'aménagement de la route Massevaux - Hundsrucken - Bitschwiller sera assuré sur tout son parcours par la Place de Belfort avec les ressources dont elle dispose. "
Le tracé de la route était en fait terminé dès le 22 mai 1915. Les travaux débutent donc le 28. En sont chargés des hommes de la compagnie 28/5 du génie, et de deux compagnies du 50e régiment d'infanterie territorriale (plus tard, la compagnie 28/8 y travaillera également); durant l'été se trouvent à Thann des éléments de la compagnie 28/26, mais également des territoriaux et des civils travaillant à cet aménagement de routes (deux routes sont concernées: le Hundsruck et la route Thann-Rammersmatt).
Quelques renseignements archivés:
- Début des travaux: 28 mai 1915.
- Durée des travaux: achevés, pour le gros travail, début septembre 1915.
- Nombre d'hommes, militaires et/ou civils qui ont été employés à l'ouvrage: inconnu (une indication : le 16 juin 1915, 100 hommes sont envoyés à Bourbach-le-Haut).
- Un tombereau attelé à 2 chevaux emprunte la route de Massevaux à Bitschwiller le 3 septembre 1915. A priori, cette " route stratégique" peut dès lors être utilisée. De toute évidence, elle sert pour la première fois dans une opération de relève de grande ampleur en février 1916, quand les troupes de la vallée de la Thur gagnent la vallée de la Doller.
2019, un album photos, réalisé par un sapeur de la 28e compagnie du génie, nous apprend davantage sur la construction de la route Joffre durant la période du 25 mai au 4 juillet 1915 à Bourbach-le-Haut.
En-tête de l'album du sapeur du 28e de génie.
Extrait de son parcours.
Devant l'église du village.
Photo prise de l'actuel parking de la Bougie vers le Hundsruck.
Une mise en scène. Valait mieux être à Bourbach qu'au Hartmanswiller, mais la compagnie ira plus tard au Pastetenplatz (Camp Turenne) et au Molkenrain.
Pont provisoire sur le Bourbach.
La forge nécessaire pour affûter les outils.
Les enfants toujours disposés pour les séances photos.
Chemin du Rotsch, seul chemin desservant ce quartier, qui reliait le Hundsruck et Bitschwiller.
Reconnaissance. Début ou fin de la route à Bitschwiller.
Impressionnante colonne de "constructeurs" munis de pelles, pioches et brouettes !
Au centre du village. Les militaires logent dans de nombreux greniers.
A l'entrée supérieure de la rue des Rochelles, vers le Hundsruck et non le Rossberg.
Les sapeurs empruntent les sentiers pour rejoindre leurs lieux de travail.
Après le pont sur le Bourbach (en dessous de l'actuelle maison Ehlinger).
Préparation du pont de la cascade (vers le Hundsruck).
Le pont sur le Bourbach est terminé, ils ont planté le sapin et décoré avec les drapeaux.
Le pont de la cascade en pierres de taille.
Bel ouvrage, pont de la cascade.
... une butte, en y mettant les moyens humains nécessaires !
Le cheval ou les dames ? (photo prise en-dessous de la terrasse de la taverne du village).
Entre l'église et le café-restaurant, au fond l'école.
Le ravitaillement était fait à l'aide d'ânes et de chevaux qui montaient souvent de Bourbach-le-Bas.
Si les sapeurs du 28e génie s'occupaient de la construction des ouvrages d'art, le 50ème Territorial était employé aux travaux de terrassement.
Comme toujours, les travailleurs restent anonymes et les supérieurs (on les voit ici à l'oeuvre) seront mis à l'honneur !
Le capitaine Mascérès, chef des travaux, avec son chien.
Pelles et pioches ne sont plus efficaces, là il faut de la dynamite !
Explosion de la roche à la dynamite.
A certains endroits le déblaiement s'avère physique.
La barre à mine est nécessaire.
Chariot pour le transport du bois pour les échafaudages.
Tuyaux pour les évacuations d'eau.
Rouleau compresseur tiré par des chevaux et...
L'enrobé est fait de pierres concassées. Une colonne de "dameurs ".
Ils sont fiers de leur réalisation.
Ce cliché a été tiré à l'envers (voir le suivant).
Au virage du Pétrifels, vers le Hundsruck.
Contrairement à l'impression que donne la prise de vue, la voiture monte.
Ont-ils espionné la construction de cette route stratégique !
Au centre du village, école à gauche.
Commencés le 28 mai, les travaux ou l'essentiel des travaux est terminé au mois de juillet !
Pendant que la route Joffre se construit, sur la ligne de front, à une quinzaine de kilomètres à peine, l'affrontement fait rage.
Depuis la route Joffre en construction, vue sur Bitschwiller.
Thann essuie régulièrement des bombardements ainsi que Bitschwiller.
Quelques photos de dégâts causés.
Pour surveiller le front derrière la ligne de crête en face des troupes stationnent au Rossberg...
Le sentier qui part du Hundsruck au Rossberg.
Au Rossberg, en dessous Bourbach-le-Haut.
Près du baraquement accolé à la ferme de la Waldmatt.
A Bourbach-le-Haut, l'instituteur en place avant 1914 a été remplacé par un instructeur militaire...
L'instructeur militaire Courtat.
Les élèves dans la salle de classe qui...
... est encore aujourd'hui la salle de la classe unique du village.
Une partie des élèves devant la maison en face de l'actuelle école maternelle.
Avant de rentrer en classe, l'instituteur vérifiait la propreté des mains des élèves.
La vie paroisssiale continuait également avec souvent la participation des militaires...
La procession sort de l'église et se dirige vers le reposoir.
Le 3ème garçon après le drapeau (col blanc) Emile Lerch mon père.Reposoir devant l'école.
Il n'est pas question d'arrêter la circulation... c'était une curiosité !
La procession prend le chemin vers le Ahnerdorf.
Et la semaine, malgré la présence des militaires, les travaux de la vie quotidienne continuent...
Les jeunes gens sont partis au front, quelques uns du côté français, mais...
... la plupart a été mobilisée dans l'armée allemande avant l'arrivée des français.
Ce sont les femmes et les hommes âgés qui doivent entretenir les champs, s'occuper des bêtes et...
Les légendes dactylographiées sur les photos ont été faites d'après les annotations qui figurent dans l'album du sapeur de la 28ème compagnie de génie. L'album a été confié aux archives nationales, mais au paravent, le petit-fils d'un ami du sapeur photographe a pu scanner cet album. Le petit-fils a également eut l'heureuse idée de rechercher Bourbach-le-Haut et ainsi nous permettre d'enrichir l'histoire de notre village. Merci à lui.
En hommage. Le grand-père du bienfaiteur en 1918.